Aux origines du Manoir d'Azelonde

Rédigé par NCNH Aucun commentaire
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Le Camp d'Azélonde a hébergé la forteresse disparue d'Azelonde à Criquetot l'Esneval en Seine-Maritime

Le site du Manoir d'Azelonde a semble-t-il été occupé dès l'ère romaine par un retranchement romain. Il n'a cessé d'être reconverti, adapté, depuis.

 

 

Les traces les plus anciennes, concernant le site du Manoir, que l'on retrouve dans l'Histoire de France remonte à la Guerre de Cent Ans. Elles font état d'une forteresse qui aurait été détruite durant les affrontements entre catholiques et protestants, la localité étant très disputée à cette époque. Cette forteresse est aussi bien connue côté français que côté anglais, d'un point de vue des traces historiques relatives à la Guerre de Cents Ans.

 

 

Une forteresse militaire bâtie sur un ancien retranchement romain

 

Cette forteresse servait de lieu de rassemblement aux chevaliers français avant de lancer des attaques contre Anglesqueville l'Esneval, visible depuis la forteresse, et fief alors tenu par les anglais : Anglesqueville, "ville anglaise" en "vieux franchois". Cette localité est aussi connue en tant que "Anglica Villa", terme beaucoup plus parlant, mais beaucoup moins cauchois.

 

 

Le "Camp d'Azelonde" avant la forteresse

 

Avant que la Normandie ne redevienne française, elle était un territoire conquis par les Vikings, ou "Northmens" à l'époque, ce qui donnera plus tard le nom de Normandie à la Région, telle que conquise par ces derniers. Soit, grosso modo, la frontière extérieure des 5 départements normands actuels (14 + 27 + 50 + 61 + 76). Ces Vikings obtinrent par le traité de Saint-Clair-sur-Epte (912) la main mise sur ce qui correspond aujourd'hui à la réunion de feues les Haute et Basse Normandies. Et devint un Duché au cours des décennies qui ont suivi. Le Viking qui a arraché ce "bout de terre" à ce qui n'est pas encore la France s'appelait "Hrolf" pour les Northmens ; il s'appelait "Rollon" côté franc, puisqu'il s'était engagé à se convertir à la religion catholique et à se soumettre au Roi des Francs à l'époque (qui n'était pas encore Roi de France).

 

 

Bizarrement, de l'époque Viking, on ne sait pas grand-chose (pour l'instant) du Fief d'Azelonde. Site manifestement militaire, il serait logique qu'il ait été utile pendant les environs 300 ans d'incursions Viking qui ont précédé le traité de Saint-Clair-sur-Epte. Il ne fait aucun doute que le Fief d'Azelonde a pré-existé à la naissance officielle de la commune de Criquetot l'Esneval.

 

Les premières traces attestées de la famille d'ESNEVAL remonte à 614 dans le Pays Cauchois, puis en Normandie. Soit bien avant l'avènement Viking !

 

On retrouve souvent l'anecdote suivante rattachée à l'histoire de Criquetot l'Esneval, mais c'est une erreur dont l'explication suit. Elle concerne le Baron d'Ecouis, un certain Enguerrand de Marigny, qui en était soit-disant le seigneur au début du XIVème siècle, soit grosso modo l'époque ou les Anglais ont été chassés de Normandie.

Enguerrand de Marigny, animal politique avant l'heure, est devenu tour à tour comte de Longueville, capitaine du Louvre, chambellan de France, Premier Ministre de Philippe-le-Bel et pour finir, pendu au gibet de Montfaucon le 30 avril 1315. Tout cela en 15 ans de temps ! (Ce qui n'est pas sans rappeler certaines trajectoires politiques contemporaines...)

Cette "anecdote" relative à Enguerrand de Marigny est souvent rapportée à Criquetot l'Esneval, mais c'est une erreur, très souvent répétée, recopiée, sans recoupement. Si vous consultez les Sources, vous constaterez par vous-même que plus les ouvrages sont anciens, moins les noms de village rappelant des noms de la noblesse sont mentionnés en entier. Or il se trouve qu'il y existe plusieurs Criquetot en Normandie, dont celui de Criquetot-sur-Ouville, dont effectivement, Enguerrand de Marigny a bien été le seigneur à la même époque. Par contre, on ne trouve pas trace de possession de cet Enguerrand de Marigny dans les environs de Criquetot l'Esneval.

 

 

Après s'être illustrée militairement partout où les Vikings sont allés se battre, en France, comme en Angleterre, dans les îles anglo-normandes, comme lors des croisades, on retrouve "naturellement" la famille d'ESNEVAL au service des différents Rois dans ses armées, lorsque ce n'était pas dans la garde rapprochée du Roi. La famille d'ESNEVAL, de ce fait, était exemptée de certains impôts (en lien avec la superficie des terres détenues).

 

La référence à la famille d'ESNEVAL ne manque pas dans le Pays de Caux en plus de Criquetot, nous trouvons :

  • Anglesqueville l'Esneval, 3 km au sud-ouest de Criquetot l'Esneval.
  • Auzouville l'Esneval, 56 km à l'est de Criquetot l'Esneval.

 

Après la famille d'ESNEVAL nous retrouvons à la tête de ce fief la famille MARTEL. Une autre très grande famille Cauchoise avant d'être Normande, puis Française. A l'image de la famille d'ESNEVAL, la famille MARTEL s'est illustrée par des fais d'armes au service de leur suzerain pendant des générations. Leur nom comme leur armoirie leur vient du marteau qu'ils magnaient avec une dextérité rarement égalée sur les champs de bataille.

 

La référence à la famille MARTEL ne manque pas dans le Pays de Caux en plus de Bacqueville-en-Caux, leur fief historique, nous trouvons :

  • Angerville-la-Martel, 25 km au nord-est de Criquetot l'Esneval.
  • Biville-la-Martel, 23 km à l'est de Criquetot l'Esneval. Biville-la-Martel a fusionné avec la commune voisine, Ypreville, en 1825. Elles s'appellent dorénavant Ypreville-Biville.

 

 

La Paix revenue, "Azelonde" disparaît au profit du nom de la commune

 

C'est précisément parce que les familles d'ESNEVAL ou MARTEL entretenaient des liens étroits avec les familles royales que certains Rois de France sont venus au Manoir d'Azelonde pour "honorer" des familles à leur service.

 

Pour ceux qui veulent découvrir ce qu'est une Cour Royale française en mouvement, le mieux est de commencer par lire "Catherine de Medicis" par Jean Orieux. Des milliers de personnes, à peu près autant de chevaux, une partie du corps diplomatique étranger en France, sur des dizaines de kilomètres. Distance parcourue quotidiennement par un tel cortège : entre 16 et 20 kilomètres maximum. Lorsque le Roi arrivait à son étape du soir, le cortège se terminait après la ville étape de la veille ! !

 

 

 

 

Des Rois à Azelonde pour honorer leurs fidèles serviteurs

 

 

François 1er aurait séjourné au "Camp d'Azelonde lors de ses déplacement dans la future ville-port du Havre.

 

 

En 1562, Charles IX séjourne au Camp d'Azelonde où il fait installer le comte de Reingroff, chef des Lansquenets (mercenaires à la solde de la France à cette époque). Le comte de Reingroff "déménagera" ses hommes à Montivilliers, sitôt le Roi repartit, la proximité d'Anglesqueville l'Esneval (fief protestant) ne lui permettant pas d'oeuvrer comme il l'entendait.

 

En 1563, Charles IX séjourne au Camp d'Azelonde, venu faire le siège de la ville-port du Havre, alors aux mains des protestants et des Anglais. Le 28 juillet 1563, Charles IX, toujours au Manoir d'Azelonde apprend par le maréchal de Montmorency que le comte (anglais) de Warwick a décidé de capituler et de remettre Le Havre aux catholiques.

Une fois les Anglais évincés de l'hexagone, le site militaire d'Azelonde disparâit de l'Histoire de France. Durant l'occupation anglaise, le seigneur Perceval d'ESNEVAL est dépossédé de ses terres par Henri V d'Angleterre, qui en fait "cadeau" à son favori, John Falstaff, plus connu en tant que héro des "Commères de Windsor" ou dans "Songe d'une nuit d'été" que comme Seigneur de Criquetot l'Esneval, voire Seigneur d'Azelonde.

 

 

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